Du haut de son mètre soixante-dix, Cristian Galano est bien connu des amateurs de la Serie B. Ailier droit rapide à la patte gauche redoutable, habile devant le but, il adore enrouler ses frappes, que ce soit à l’entrée de la surface ou de plus loin. Menant une carrière jusque-là entièrement passée en deuxième division italienne, il est à la conquête de sa consécration suprême : la Serie A. Focus sur son parcours, de ses débuts avec Bari, entraîné à cette époque par Antonio Conte, jusqu’à son retour dans sa ville natale, Foggia.
Un début de carrière sans brûler les étapes
Né en avril 1991 à Foggia dans la région des Pouilles, Cristian Galano effectue ses premiers pas dans le football à l’âge de 9 ans dans un club amateur de la ville. A 13 ans, il intègre le centre de formation de Bari, reconnu notamment pour avoir formé Antonio Cassano. Il n’hésite pas à quitter sa ville natale et son cocon familial pour rejoindre le rival historique de Foggia, faisant passer sa carrière avant tout. A Bari, il va passer par toutes les catégories d’âge jusqu’à atteindre un premier palier important pour tous jeunes joueurs de football, l’équipe réserve, surnommé en italien la Primavera. A ce moment-là, l’équipe première de Bari évolue en Serie B et est guidé par Antonio Conte (qui par la suite a entraîné la Juventus, la Nazionale et Chelsea). Bon et régulier avec la Primavera tout au long de la saison 2008/2009, Galano est récompensé par Antonio Conte en fin de saison avec une apparition en Serie B, sa première en professionnelle, contre la Salernitana. Bari étant d’ores et déjà promu mathématiquement en Serie A.
Il passe la saison suivante avec l’équipe réserve et réalise donc une année similaire à la précédente. Il n’est, cette année-là, pas convoqué une seule fois en équipe première et ne foule donc pas les pelouses de la Serie A. Cependant, de manière assez contradictoire, Galano est sélectionné pour l’Euro 2010 des moins de 19 ans qui se déroule en France.
C’est lors de la saison 2010/2011 qu’il découvre pleinement un championnat de statut professionnel grâce à un prêt à Gubbio en Serie C. Lors de la 2ème journée du championnat, il est titularisé et inscrit son premier but pro. A partir de ce match, Galano gagne la confiance de son entraîneur, Vincenzo Torrente, et obtient un statut de titulaire indiscutable. L’italien termine la saison avec 5 buts inscrits et contribue pleinement à la première place de son équipe en Serie C. A la fin de la saison, Galano retourne à Bari qui est relégué en Serie B après deux saisons dans l’élite du football italien. Il y retrouve son entraîneur de la saison dernière mais malgré les qualités montrées en troisième division italienne, il ne joue pas la moindre minute avant la dix-septième journée. Rarement aligné, l’italien doit se contenter des fins de matchs pour se mettre en évidence. Ainsi, lors de la 34ème journée, il rentre à sept minutes du terme de la rencontre et marque un but splendide pour arracher un match nul contre Grosseto. Un but qui rappelle fortement ceux d’Arjen Robben, célèbre ailier néerlandais du Bayern Munich: une frappe enroulée du gauche qui termine en lucarne.
A 21 ans, il est l’heure pour Galano de s’imposer dans son équipe de toujours. Il entame parfaitement la saison 2012/2013 en inscrivant le 3ème but de son équipe dans les arrêts de jeu contre Ascoli (victoire 1-3). La direction et les supporteurs sont optimistes pour la saison qui commence et espèrent l’éclosion de leur pépite. Galano réalise une bonne première partie de saison en inscrivant 4 buts et en délivrant 5 passes décisives en 19 matchs. Il tient même son match référence contre le futur champion de Serie B, Sassuolo, en inscrivant son premier doublé et en délivrant une passe décisive dans un match épique qui se terminera sur un score de 3-3. Malheureusement, Galano s’éteint complètement après la trêve hivernale. Il perd son poste de titulaire et joue de moins en moins, ne marquant aucun but lors de la deuxième partie de saison. Le bilan de fin de saison est mitigé, tous les éléments étaient réunis pour que l’élégant ailier droit prenne son envol mais il n’a pas su répondre aux attentes placées en lui. Lors du mercato, un départ semble possible mais Galano finit par rester dans la capitale des Pouilles en déclarant à la Gazzetta dello Sport : « Je ne pense pas au mercato, tout ce que j’ai en tête c’est faire de mon mieux avec Bari. »
La confirmation

Le nouvel entraîneur, Roberto Alberti, compte sur son joueur et voit en lui un possible leader offensif dans son dispositif tactique, le 4-3-3. Il lui accorde sa confiance pour cette saison 2013/2014 et Galano la lui rend bien, il est toujours dans les joueurs les plus entreprenants et enchaîne les prestations positives malgré les difficultés sportives et financières du club. En effet, le club traverse une période extrêmement compliquée, l’équipe navigue entre le bas de classement et les places relégables, le président est endetté.. Bari finit même par être placé en faillite « piloté » (le club est mis en vente aux enchères afin d’éviter la faillite et la perte du statut de professionnel). Cette vente prenant du temps à être finalisée (deux mois et demi) les joueurs ne sont pas payés pendant cette période: la situation devient critique. Malgré tout, les tifosi qui sont de retour en masse au stade (plus de 50000 personnes lors du dernier match de la saison à domicile) après avoir vu le président qu’ils contestaient tant perdre le commandement du club. Grâce à cet exceptionnel élan populaire, la squadra se transcende et effectue une deuxième partie de saison complètement folle: 15 matchs, 11 victoires, 2 nuls et 2 défaites ! Les galletti passent de la 17ème à la 6ème place, poste faisant figure de qualification pour les play-offs permettant d’accéder à la Serie A. Durant cette fantastique remontée, Galano attire les regards sur lui grâce notamment à deux doublés (dont un où il inscrit deux coups-francs) et un de ses matchs les plus aboutis, contre Empoli, où il marque un but exceptionnel avec un ciseau retourné. Lors des play-offs, Galano marque un but lors du quart de finale contre Crotone (victoire 0-3) et égalise lors de la demi-finale retour contre Latina (2-2). Sa saison s’achève sur ce match, Bari est éliminé aux portes de la finale. Le bilan de Galano s’élève au final à 46 matchs, 13 buts et 12 passes décisives: il est sans aucun doute le meilleur joueur de Bari cette saison-là. Pour preuve, « le Robben italien » est même récompensé lors de la cérémonie de fin de saison de Serie B en étant dans l’équipe de l’année.
Un coup de mou inattendu
Malgré les sollicitations de Nuremberg, Munich 1860, Parma ou encore le Hellas Verona, Galano surprend et reste fidèle à Bari pour la saison 2014/2015 dans le but d’atteindre cette fameuse promotion en Serie A. Les dirigeants biancorossi montent une équipe qui, sur le papier, est armée pour viser les premières places. Le poste d’entraîneur étant décerné à Devis Mangia, ancien sélectionneur de l’Italie moins de 21 ans. Galano, pour cette nouvelle saison, choisit le mythique numéro 10, détail affirmant son statut de pilier de l’équipe. Si sa saison commence pour le mieux (2 buts et 2 passes décisives en 3 matchs) et que tout le monde pense qu’il s’est déjà adapté au nouveau schéma tactique de Mangia, le 4-4-2, les choses se compliquent très vite: évoluant au poste de milieu droit, il a beaucoup plus de tâches défensives et cela entraîne une baisse de son efficacité d’un point de vue statistique. Suite à une série de résultats négatifs, Davide Nicola est désigné comme nouvel entraîneur et repasse au 4-3-3. Galano retrouve donc son dispositif préféré mais cela ne change pas ses performances en demi-teinte. Le mercato d’hiver approche, et l’italien semble plus proche que jamais d’un départ. A quelques jours de l’ouverture du marché des transferts, il demande même à la direction d’être vendu alors qu’il était convaincu de rester à Bari durant le mercato d’été pour son projet ambitieux ! Mais encore une fois, Galano reste au club, les offres de Leeds United ou encore du Torino n’ayant pas convaincu la direction. Sa deuxième partie de saison étant du même calibre que la première, Galano termine la saison avec 5 buts et 4 passes décisives. Conscient de son niveau et de son potentiel, il déclare à FcBari1908.club : « Je ne suis pas vraiment satisfait de ma saison. Je n’ai pas le même rendement que l’année dernière. »
Une fois le championnat terminé, l’agent de Galano fait part à la direction que son joueur veut changer d’air. Simple envie de renouveau ou est-ce parce que le joueur ne trouve pas d’accord financier pour prolonger son contrat ? Selon TeleBari, Galano aurait refusé l’offre de la direction qui s’élevait à 20000 euros par mois. Ce bras de fer, qui durera durant tout le mercato, conduira même à l’exclusion de l’ailier droit du groupe biancorossi à la fin du premier match officiel de la saison. Et inévitablement, en toute fin de mercato, Galano quitte son club formateur par la petite porte et signe un contrat de trois ans avec Vicenza. Il est directement désigné comme l’ailier droit titulaire et retrouve de bonnes sensations. Au fil des matchs, l’italien redevient décisif et participe pleinement au maintien de Vicenza en Serie B. Il déclare à TuttoBari : « Cette saison j’ai inscrit 7 buts mais j’aurais pu en mettre plus. »
Un évènement historique
Lors de la saison 2016/2017, Galano se distingue d’une drôle de manière: il est le premier joueur à qui l’on attribue un carton vert dans l’histoire du football. Introduit en 2015, celui-ci peut être sorti par l’arbitre afin de récompenser un geste de fair-play. Ici, Galano est gratifié pour avoir corrigé l’arbitre en lui indiquant un corner inexistant en la faveur de son équipe. « Je suis content d’avoir obtenu cette distinction car elle représente les valeurs de loyauté que le sport doit enseigner. Ce geste représente ma personne, ma façon d’être, que ce soit en dehors ou sur le terrain. J’espère qu’un geste comme le mien puisse devenir une habitude et non une exception. » rapporte le Corriere del Veneto. Malheureusement, cet événement est le seul fait marquant de sa première partie de saison. Après 9 journées, il se blesse à la cheville gauche, ce qu’il l’éloigne des terrains pendant un mois. Il ne retrouve pas sa condition optimale et finit sa première partie de saison à Vicenza avec un seul et unique but en Serie B.
Retour à la casa

Malgré une première partie de saison assez médiocre, Galano attire toujours autant. Parma, Carpi et Bari sont à l’affût pour redonner un nouveau souffle au Robben des Pouilles: c’est finalement son club formateur, Bari, qu’il choisit lors des dernière heures du mercato. Il est prêté avec une obligation d’achat qui s’élève à 400000 euros. Galano veut montrer à tous ce qu’il vaut, encore une fois guidé par la volonté de conquérir la Serie A avec son club de toujours. Lors de son premier match, il retrouve Vicenza qu’il a quitté 4 jours plutôt. Il rentre sur le terrain à l’heure de jeu et inscrit le but victorieux à 5 minutes du terme de la partie. En zone mixte d’après-match, il déclare à TuttoBari : « J’ai espéré jusqu’à la fin du mercato retourner à Bari, je remercie l’entraîneur, le directeur sportif et la direction qui m’ont voulu à tout prix. Quel joueur est de retour au club ? Un Galano plus fort qu’avant, j’ai beaucoup pris en maturité durant cette année et demie à Vicenza. Je veux tout donner pour porter l’équipe en play-off. Quand le club m’a contacté, je n’ai pas réfléchi une seconde. » Ses débuts sont tonitruants: 5 matchs, 5 buts dont un doublé, de son mauvais pied, chez le futur promu, Benevento (victoire 4-3). Cependant, Bari ne tient pas la distance et l’équipe n’atteint pas les play-off. Galano inscrit tout de même 7 buts en 19 rencontres.
En fin de saison, l’obligation d’achat est levée et Galano, malgré les offres alléchantes de Foggia, fait part de sa volonté de rester à Bari pour confirmer son excellente deuxième partie de saison dernière. Un choix payant car il réalise une première partie de saison complètement incroyable: 15 buts marqués pour 20 matchs disputés, des statistiques impressionnantes pour un ailier ! Véritable pilier de l’équipe entraîné désormais par Fabio Grosso, champion du monde 2006 avec la Nazionale, il récupère le brassard de capitaine. Il offre même la victoire (1-0) aux siens dans le derby face à Foggia, la ville où il est né, avec un but dans les arrêts de jeu qui fait exploser le Stadio San Nicola et ses 35000 tifosi. « Je suis de Foggia, je suis amoureux de cette ville mais je suis arrivé à Bari quand j’étais enfant. J’ai reçu beaucoup d’affection et ce club m’a permis de réaliser mon rêve, devenir joueur professionnel. C’est pour cela que je me sens comme un enfant adopté par Bari. » déclarait-il à la Gazzetta del Mezzogiorno quelques jours avant ce derby des Pouilles. La première partie de saison est une réussite pour Galano et ses coéquipiers, qui sont même leaders du championnat pendant quelques journées. Pour preuve, le foggiano finit 4ème meilleur buteur italien sur l’année 2017 avec 22 buts en 37 matchs ! Les joueurs qui le devance étant Immobile (38 buts), Insigne (25 buts) et Balotelli (23 buts), le joueur de Bari est en train de passer un véritable cap dans sa carrière.
Mais au retour de la trêve hivernale, Galano connaît plus de difficultés, est moins dynamique et surtout beaucoup moins décisif. Il n’inscrit d’ailleurs qu’un seul but entre la 22ème et la 42ème journée. A en croire Fabio Grosso, l’italien aurait eu quelques pépins physiques qui l’auraient empêché de confirmer sur sa lancée. Bari se qualifie tout de même pour les play-off mais se voit retirer deux points à cause « d’irrégularités administratives », ce qui lui fait perdre une place au classement final. De ce fait, l’équipe ne joue pas le quart de finale à domicile mais à l’extérieur. Et malheureusement, Bari se fait éliminer sans perdre, le 2-2 (Galano avait ouvert le score) suffisant à Cittadella pour passer en demi-finale puisque qu’ils sont passés devant Bari au classement suite à cette pénalité. Une nouvelle énorme désillusion pour Galano qui pensait enfin, cette saison, pouvoir atteindre cette fameuse Serie A qu’il convoite tant.
Une continuation surprenante

Et les problèmes ne s’arrêtent pas là: le FC Bari 1908 fait officiellement faillite. 110 ans d’histoires balayées par l’incompétence d’un président… Une histoire à laquelle Galano aura pleinement contribué, étant devenu le 7ème meilleur buteur de l’histoire du club avec 47 buts en 182 matchs. Suite à cette faillite, tous les joueurs sont donc libres. Galano est contacté par la Spezia, Benevento ou encore Parma, fraîchement promu en Serie A. Son choix est fait: désirant enfin découvrir la Serie A, il signe un contrat de trois ans avec i gialloblù. Mais après seulement 14 jours, de manière assez incroyable, il est prêté avec option d’achat à Foggia, la ville où il est né sans n’y avoir jamais joué ! A la suite de son premier but avec sa nouvelle équipe lors de la 6ème journée de Serie B contre Benevento, il déclare à la Gazzetta del Mezzogiorno: “Mon rêve est toujours la Serie A.”
Marco Pietraroia (auteur) et Théo Sivazlian (corrections).