Les profils étant nombreux et intéressants, il fallait un deuxième épisode à cette série sur les portiers évoluant actuellement dans l’élite mais passés par la deuxième division. Sans attendre, voici donc le casting de cette suite. Avec beaucoup de jeunesse en prime.
#1: Ivan Provedel (25 ans)
Club actuel : Empoli
Saison en Serie B : 4, en 2014-2015 avec Pérouse, en 2015-2016 avec Modène, en 2016-2017 avec la Pro Vercelli et en 2017-2018 avec Empoli.
Performances : 108 matchs de Serie B pour 120 buts encaissés.
A seulement 25 ans, Ivan Provedel a pas mal baroudé dans l’antichambre. Quatre exercices consécutifs dans quatre clubs différents. Pour des fortunes très diverses. « Playoffable » à Pérouse puis relégué avec Modène. Proche de descendre à la Pro Vercelli et enfin promu en Serie A sous les couleurs d’Empoli. Bref, des expériences riches qui ont permis au gardien formé à l’Udinese et au Chievo de se confronter à tous les cas de figure qu’une saison peut offrir. Même son baptême du feu en Serie A, cette saison, n’est pas de tout repos. D’abord concurrencé par Pietro Terracciano (envoyé cet hiver à la Fiorentina), Provedel doit désormais batailler avec le Polonais Dragowski (récupéré en échange de Terracciano). Une habitude…
Au Perugia Calcio, il doit faire face à la concurrence du Slovène Koprivec, dernier rempart des Grifoni lors de la remontée en Serie B à l’été 2014. Rebelote à Modène où il partage le but avec Nicolò Manfredini. Deux premières journées sur le banc puis il gagne la confiance de son coach, un certain Hernan Crespo… jusqu’à la 24e journée. Il finit l’exercice sur la touche. Le remplacement de Crespo par Christian Bergodi, début avril, n’y change rien. La saison qui suit est d’un tout autre calibre pour le portier. De nouveau prêté, il est directement propulsé titulaire, dès son arrivée à la Pro Vercelli. Il ne manque qu’une rencontre de championnat (suspendu pour carton rouge) et s’offre 15 « clean sheet » dont six consécutifs. Une invincibilité qui détonnerait presque vu le parcours mi-figue, mi-raisin de sa formation (17e sur 22). Son président de l’époque, Massimo Secondo l’avait d’ailleurs surnommé Ivan « facciotremiracoliapartita » Provedel (Ivan « je fais trois miracles par match » Provedel). C’est dire son importance dans le maintien obtenu par le club piémontais. Logiquement, ses performances attirent l’œil et il atterrit à Empoli qui est champion de Serie B 2018. Provedel dispute les 23 premières journées avant de se fracturer le tibia… ce qui n’empêche pas le club de le conserver pour son retour dans l’élite.
#2: Alex Meret (22 ans)
Club actuel : Naples
Saison en Serie B : 1, en 2016-2017 avec la SPAL.
Performances : 30 matchs de Serie B pour 26 buts encaissés.
Lui, c’est un drôle de phénomène. L’archétype du gardien moderne. Imposant physiquement (1m90, 82 kilos), Alex Meret possède toute la panoplie : vif sur sa ligne, des réflexes au-dessus de la moyenne, une capacité à vite aller au sol et un profil pour régner dans les airs. On peut aussi ajouter que l’actuelle doublure de l’ancien Niçois, David Ospina, est une machine à « clean sheet » (11 en 2016-2017 en championnat). Ainsi, c’est en Serie B que le portier originaire du Frioul et formé à l’Udinese accomplit ses premiers miracles. Se forgeant très vite une sacrée réputation de terreur dans sa surface de réparation. En un seul exercice dans l’antichambre. A l’été 2016, il arrive sur la pointe des pieds à la SPAL, tout juste promu au 2e échelon, sous forme de prêt. Là-bas, il côtoie un autre espoir italien au poste de gardien, Gabriele Marchegiani, fils de l’imminent Luca (9 capes avec la Squadra Azzurra et finaliste du Mondial 94, il était le remplaçant de Pagliuca), tout juste débarqué de… la Roma (pas rancunière la Lazio sur ce coup, où le papa a évolué dix saisons durant). Mais il n’y a pas vraiment match entre les deux jeunes pousses. Meret ne laissant que six apparitions en Serie B à Marchegiani junior…
A l’image de son équipe, Alex Meret monte doucement en puissance. La formation de Ferrare se glisse sur le podium lors de la 20e journée. Un trio de tête qu’elle ne quitte plus ensuite, se hissant même au sommet du classement à huit épisodes du terme et assurant ainsi son retour dans l’élite, dont le dernier passage datait de la saison… 1967-1968 ! Un exploit peu commun pour ce club non moins historique. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, la SPAL décide de conserver une bonne partie de son effectif en Serie A, dont Meret. Toutefois, le gardien se blesse avant même le début de saison et goûte à la première division, lors de la 22e journée seulement (match nul 1-1 face à l’Inter). Les représentants d’Emilie-Romagne obtiennent leur maintien. Meret, lui, dispute 13 rencontres de championnat. Suffisant pour briller et prendre la direction, l’été suivant, du Napoli et du stade San Paolo.
En à peine deux ans, le portier a laissé une trace indélébile du côté de Ferrare. Pour preuve, les mots de son ancien coach, Leonardo Semplici, en décembre dernier, après la venue de son équipe à Naples (défaite de la SPAL 1-0) : « Alex est comme un fils pour moi. Je crois qu’il a les qualités pour devenir le choix numéro 1 au poste de gardien en sélection. Je lui souhaite le meilleur pour la suite… même s’il m’a un peu déçu ce soir, avec tous ces arrêts contre nous (sourire). Non, sérieusement, on ne peut que lui tirer son chapeau. » Avant de rêver de la Squadra Azzurra, Alex Meret a tout de même franchi un nouveau palier, cette saison, en découvrant l’Europe avec le Napoli. Chaque chose en son temps.
#3: Andrei Radu (21 ans)
Club actuel : Genoa
Saison en Serie B : 1, en 2017-2018 avec Avellino.
Performances : 22 matchs de Serie B pour 27 buts encaissés.
Son passage en 2e division a été furtif. Son rendement beaucoup moins. Pouponné depuis 2013 au centre de formation de l’Inter, Andrei Radu garde surtout les bois de la Primavera nerazzurra. Jusqu’en 2015-2016 où il s’assoit plusieurs fois sur le banc interiste, chez les grands cette fois, et effectue même une apparition éclair (18 minutes) en Serie A lors de la 38e journée sur la pelouse de Sassuolo, le 14 mai 2016. Il fait de nouveau banquette en toute fin d’exercice 2016-2017, sans entrer en jeu. Cette saison-ci, le Roumain l’a surtout passé à l’infirmerie, blessé à l’épaule. Vient ensuite l’été 2017 où il s’envole pour le premier gros défi de sa carrière et ce prêt à Avellino.
A l’est de Naples, il démarre en tant que doublure de Luca Lezzerini. Au bout de seulement quatre journées de championnat, son entraîneur, le respecté Walter Novellino (limogé début avril et remplacé par Claudio Foscarini), le propulse titulaire. Toutefois, le parcours du Roumain est saccadé, notamment à cause des blessures. Un chiffre tout de même : en son absence, Avellino ne remporte que quatre petits matchs sur les 11 succès glanés au total par le club de la Campanie. De quoi évaluer l’importance de Radu dans le maintien des Biancoverdi (qui seront, malgré tout, rétrogradés administrativement). D’ailleurs, Walter Novellino est revenu sur le sujet, en juin dernier, dans les colonnes de « La Repubblica » : « Andrei est très fort. Initialement, il ne devait être que remplaçant, mais il m’a suffi de l’observer sur quelques entraînements pour comprendre que c’était lui qui devait être titulaire et non Lezzerini. S’il ne s’était pas blessé lors de la deuxième partie de saison, Avellino aurait pu viser plus haut et ne pas simplement se contenter du maintien. Quant à moi, j’aurais probablement terminé la saison sur le banc avec cette équipe… » Le technicien égrainait aussi les qualités de son ancien portier, juste après sa signature au Genoa. « Andrei a un potentiel énorme. Il lui manque peut-être quelques centimètres (il mesure 1m88). Il est explosif, il a du caractère et n’a pas peur de sortir de son but. Comme tous les gardiens, il est un peu exubérant mais c’est un gentil garçon avec un très bon état d’esprit. Avec lui et Federico Marchetti, Ballardini (le coach génois) s’est assuré une certaine sécurité au poste de gardien. » D’autant que Radu a poussé l’expérimenté Marchetti sur la touche au bout de… quatre journées de Serie A et a définitivement revêtu le costume de dernier rempart du Genoa. Désormais, il ne lui manque plus qu’une carrière internationale chez les A de la sélection roumaine. Pas une mince affaire pour déloger la triplette Tatarusanu (FC Nantes), Pantilimon (Nottingham Forest), Nita (Sparta Prague)…
Par Michaël Klawinski – Twitter: @QuasiKavinsky