A 20 ans seulement, Andrew Gravillon impressionne déjà en Serie B. Élément clé du onze de départ de Pescara, n’ayant manqué aucune minute de jeu en cette première moitié de saison, il s’impose comme l’un des jeunes joueurs les plus prometteurs en Italie. Si bien que plusieurs grosses écuries font déjà les yeux doux au jeune français, désireuses de s’offrir ses services. Portrait d’un joueur dont les inconditionnels du football guadeloupéen auront déjà sûrement entendu parler…
Par Paul Nachtergaële – Twitter: @paulnachtr
DE L’U17 DHR A L’INTER MILAN !
Formé au FCM Garges dans le Val d’Oise (95), Andrew Gravillon, natif de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, décide de rejoindre l’Inter Milan à l’été 2014 alors qu’il jouait en U17 DHR et n’était âgé que de 16 ans. Un choix audacieux sur le papier, confirmé par le fait qu’il est rare que de jeunes talents français, encore mineurs, s’exportent à l’étranger en quittant leur famille. Cette décision s’avère toutefois payante aujourd’hui même si contrairement à ce que l’on pourrait croire, le début de son aventure intériste ne fut pas si aisée. Lors de sa première saison avec le club nerazzuri, Gravillon ne dispute que 4 matchs avec l’équipe U17, tous en fin de saison. Une longue intégration et adaptation à son nouvel environnement furent ainsi vraisemblablement nécessaires avant qu’il ne puisse fouler régulièrement les pelouses des équipes de jeunes de l’Inter. Par contre, l’année suivante fut celle du sacre jeune pour le jeune défenseur français, qui parvint à s’imposer comme un titulaire en puissance dans la charnière centrale U19 de son club. Il joua même un rôle majeur dans la victoire de son équipe lors des phases finales de la Primavera, aux côtés de joueurs talentueux tels que Christian Kouamé (Genoa) ou encore Andrea Pinamonti (Frosinone). Gravillon remporta d’ailleurs la finale face à la Juventus, alors entraînée par un certain Fabio Grosso: ce dernier disposait alors notamment de Pol Lirola, Andrea Favilli ainsi que la pépite Moise Kean sous ses ordres…

Andrew Gravillon et son coéquipier Axel Bakayoko faisant la part belle aux photographes, accompagnés de leur trophée. (via Le Parisien)
Lors de la saison 2016/2017, Andrew Gravillon confirme et continue à exceller dans son registre. Patron de la défense des jeunes nerazzuri, ces derniers ne pourront toutefois cette fois-ci accéder à la finale de la Primavera, après avoir été sorti par la Roma en demi-finale. Le guadeloupéen sera tout de même retenu à deux reprises avec l’équipe première, deux rencontres auxquelles il assistera depuis le banc, à l’âge de 19 ans. Il lui fallut donc patienter avant d’effectuer ses débuts en professionnels et découvrir les glorieux terrains du Calcio. Mais ce n’était que partie remise.
REPARTIR DE PLUS BAS… POUR VISER PLUS HAUT
Lassé de voir sa chance toujours repoussée d’obtenir une apparition avec l’équipe une, Andrew Gravillon choisit alors de s’engager avec un club de standing plus « faible ». Et quoi de mieux qu’une équipe promue pour la première fois de son histoire afin de s’aguerrir enfin au haut niveau ? Comme vous l’aurez deviné, Benevento Calcio devient sa nouvelle maison: le club campani ayant déboursé un chèque de 4 millions d’euros pour engager le jeune espoir. Ce dernier est dès lors titularisépour la première fois de sa carrière chez les professionnels fin septembre 2017, lors d’un déplacement à Crotone. Son équipe reste alors sur 5 défaites, dont deux déculottées successives face au Napoli et à la Roma ( respectivement 6-0 et 4-0 !): ce n’est donc pas vraiment ans les meilleurs conditions que le natif de Pointe-à-Pitre lance sa carrière professionnelle, prenant place dans une défense friable et décimée.

Gravillon en difficulté chez le club stregoni… (via Tuttosport)
La suite de sa saison chez les giallorossi est loin d’être enrichissante. Gravillon doit se contenter de cirer le banc, tout en observant ses coéquipiers enchaîner défaite sur défaite (14 au total, pire série de l’histoire de la Serie A !). Il lui fallut par la suite patienter jusqu’au 30 décembre avant de grappiller une vingtaine de minutes au Stadio Ciro Vigorito… lors du tout premier succès de Benevento dans l’élite, et oui ! N’entrant décidément pas dans les plans de son manager Roberto de Zerbi, l’entraîneur actuel de Sassuolo, le club stregoni décide de se séparer définitivement du guadeloupéen au mercato hivernal de 2018. Afin de se relancer, Andrew Gravillon décide alors de viser encore plus bas: en janvier de cette même année, il signe un contrat d’une durée de 4 ans avec Pescara. Direction la Serie B et plus particulièrement donc Pescara, terre d’accueil bien connue pour les jeunes joueurs prometteurs où nombre d’entre eux ont su exprimer pleinement leur potentiel et se révéler aux yeux de toute l’Italie et même de l’Europe (Verratti, Insigne, Immobile…).

Gravillon est très vite aligné dans la charnière centrale de son nouveau club. Lors d’une victoire 1-0 contre Salernitana le 10 février, lil laisse déjà entrevoir des qualités ravissant les tifosi et aussi ses coéquipiers : « Permettez-moi de féliciter Gravillon, il a réalisé un grand match même si ce n’était pas facile », déclarait Marco Perrotta en zone mixte. La fin de cet exercice se traduira par sept autres matchs pleins, auxquels s’ajoute une apparition de 45 minutes pour l’ancien de l’Inter. Même s’il n’enchaîne pas les titularisations, Giuseppe Pillon, son entraîneur, ne souhaitant probablement pas brûler les étapes, le défenseur âgé de 20 ans s’impose comme une valeur sûre en défense, se montrant très solide et efficace dans ses interventions tout en disposant d’une qualité de relance tout à fait acceptable. L’avenir s’annonce faste.
UNE PREMIÈRE PARTIE DE SAISON CANON !
En effet, à l’aube de cette nouvelle saison 2018-2019, Andrew Gravillon prend part à la totalité de la pré-saison de Pescara Calcio, s’apprêtant à disputer une nouvelle année en Serie B. Et que dire de son début de saison ! Titulaire dès la première journée sur la pelouse de la Cremonese (1-1 score final), il subjugue les tifosi par son assurance et ses retours défensifs dont un tacle impressionnant face à Brighenti qui filait tout droit vers le but, évitant le 2-0 pour les locaux. Ne laissant pas indifférent son coach Giuseppe Pillon, ce dernier lui confie les clés de la défense aux côtés de l’inévitable et ultra-expérimenté Hugo Campagnaro. Le joueur formé au FCM Garges enchaîne donc les titularisations, brillant en défense et devenant même décisif pour son équipe. Du haut de son 1m88, il est une arme offensive non négligeable lors des coups de pieds arrêtés défensifs… Mais aussi offensifs. Alors que Pescara reçoit Foggia, Gravillon débloque la situation à la 73e d’un coup de tête rageur sur corner, permettant à son équipe d’empocher les trois points (victoire 1-0 des delfini). Il entre alors pour de bon dans le cœur des tifosi et ne masque pas son bonheur : « Je suis très heureux, ça fait longtemps que j’attends de marquer et j’y suis parvenu », s’est-il enjoué en zone mixte suite au match.

Le guadeloupéen rassure tout le monde en défense. (via Tuttosport)
Aujourd’hui, Andrew Gravillon survole les débats, et est considéré pour beaucoup comme le meilleur défenseur central du second échelon du football transalpin. A la mi-saison, il a pris part à tous les matchs de son équipe (18 au total en Serie B) et a même réussi à inscrire deux buts. De plus, Pescara est bien installé à la 3e place du classement et le club azzurobianco ne cache pas ses envies de promotion. Toutefois, avec ces performances, le guadeloupéen n’envisage-t-il pas de quitter les siens dès ce mercato hivernal ? Car oui, ses performances en Serie B ne sont pas passées inaperçues, et un large panel d’écuries italiennes se bousculeraient au portillon pour l’attirer. Roma, Inter, Napoli, Genoa, Sasssuolo, Sampdoria… Ils en sont tous fous. Un départ en juin serait plutôt privilégié, avec l’Inter en première ligne qui souhaiterait faire revenir leur ancien prodige. Le joueur et son agent envisageraient un retour mais seulement pour cet été. « Mon agent pense à ces choses, proclame Gravillon, moi je pense à l’équipe, dans l’espoir d’amener Pescara le plus haut possible ». On espère donc une seconde partie de saison aussi fructueuse que la première à celui dont l’idole n’est autre que Lilian Thuram, en lui souhaitant bien évidemment une carrière aussi titrée et glorieuse que le champion du Monde 1998 !
Enfin, pour les italophones qui souhaitent en apprendre plus sur Andrew Gravillon, regardez donc son interview réalisée par nos confrères de la Rete 8 !